Objectif Nikkor 58mm 1.4 G

Oubliez la technique, les graphiques, les courbes, les calculs, les microscopes, la perfection, le froid, le précis.
Retenez un mot, un seul : bokeh.

Le 58mm 1.4 G est un objectif à part dans la gamme Nikkor. Il me semble un peu méconnu et mal aimé. J’ai lu des horreurs à son sujet, ainsi que de très bonnes choses ; étrange paradoxe…
À part, car ce n’est ni un 50 ni un 85mm. Avec ce 58mm, on sort donc des sentiers battus, des habitudes et même des tendances actuelles. Nous recherchons sans cesse la perfection, dans tous les domaines. Dans le cas qui nous occupe, oublions-la. Le 58 mm n’est pas parfait (rien ne l’est), mais, parmi les nombreux objectifs que j’ai pu tester depuis une dizaine d’années, c’est le seul qui ait une vraie personnalité. Jetez-moi la première pierre si ça vous chante, mais je suis tombé amoureux dans les 10 secondes qui ont suivi la première photo, malgré ces imperfections…

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G
58mm 1.4 G @ f/1.4 – 1/320 – ISO 400 – grain ajouté

Ergonomie

Le Nikkor 58mm 1.4 G est gros et suffisamment compact (85 x 70mm.) Nettement plus gros que les 50mm 1.8 G et 1.4 G et plus ou moins équivalent au 50mm 1.2 Canon, le poids en moins. Il est très bien équilibré sur le D750 (l’appareil reste bien à plat une fois posé) et tombe parfaitement dans la main, sans pourtant alourdir l’ensemble puisqu’il ne pèse que 385 g.
La bague de mise au point manuelle est très souple et rend la MAP aisée.
Si vous choisissez d’y mettre un filtre (neutre ou UV), prenez-en un de très grande qualité, car la lentille frontale du 58mm est assez renfoncée et un mauvais filtre pourrait créer de vilains reflets. Et puis, vu le renfoncement, il y a peu de risque que la lentille soit abîmée. À moins que vous y versiez votre café…

Construction

À 1699 € (en promo actuellement à 1499 €), le Nikkor 58mm 1.4 G est un objectif (très) cher. Il est solidement construit, malgré son aspect plastique. Certains crient ou crieront au scandale (« A c’prix là ma bonne dame, c’t’une honte ! »), mais l’enrobage est bien plus solide qu’il n’y paraît et il a l’avantage d’être léger. Son illustre aîné, le Noct-Nikkor 58mm 1.2 était fait de métal pour quelques dizaines de grammes (465 g) de plus ainsi qu’une plus petite taille (63 x 74mm.)
Quoi qu’il en soit, c’est du solide, à l’extérieur comme à l’intérieur (9 lentilles en 6 groupes dont 2 lentilles asphériques et des lentilles avec traitement nanocristal – c’est beau hein !)

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G
58mm 1.4 G @ f/1.4 – 1/500 – ISO 50

Autofocus

Sur ce sujet, j’ai aussi lu pas mal d’avis très divergents. À gauche, AF = escargot neurasthénique ; tandis qu’à droite, AF = rapide et précis.
Le meilleur moyen de le savoir est donc de le tester par soi-même. Et quel meilleur moyen qu’une journée de mariage ?
Même si ce n’est pas l’AF le plus rapide que j’ai pu tester, il se défend très bien, dans les bonnes comme dans les mauvaises conditions. Plus étonnant encore, je n’ai pas constaté de problèmes d’autofocus à pleine ouverture, même à contre-jour. Selon moi, l’AF remplit donc très bien son rôle. Il me semble un peu plus rapide que l’AF du 50mm 1.8 G, dans les mêmes conditions.

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G
58mm 1.4 G @ f/1.4 – 1/320 – ISO 64

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G

Utilisation

8mm, c’est peu et c’est pourtant beaucoup. 58mm est une focale qui peut paraître étrange, car bien seule sur son île (si on oublie le 60mm 2.8 macro qui a une tout autre fonction.) Les photographes que je connais, pour la plupart, sont soit des « aficionados » du 35mm, soit du 50mm. Je fais partie de la seconde catégorie. J’ai essayé le 35mm à maintes reprises, sans succès.

À l’instar du 50mm (1,4 ou 1,8), le 58mm est polyvalent dans bien des domaines. Il me semble même mieux adapté au portait, même s’il est moins destiné à ça que le 85mm. Malgré tout, le 58mm dispose d’un avantage sur tous les autres : son effet 3D. Il a une capacité assez extraordinaire à dissocier le sujet de l’arrière-plan.

Lors du dernier mariage, j’ai utilisé le 58mm pour 60 % des photos (illustré dans cet article et/ou ici.) De manière générale, on peut l’utiliser pour tout, sauf peut-être pour des photos de grands groupes, si vous avez beaucoup de recul.

Dans le cadre de cette première prise en main, je l’ai utilisé majoritairement à pleine ouverture (f/1.4) afin de me rendre compte de son potentiel, tout en étant conscient des inconvénients que cela engendrerait. Malgré quelques ratés dus à l’infime profondeur de champ, le 58mm peut sans problème devenir votre compagnon du quotidien.

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G
58mm 1.4 G @ f/1.4 – 1/400 – ISO 64

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G

Bokeh / image

Son concepteur (Haruo Sato) admet avoir sacrifié un peu de netteté au profit du bokeh 1. J’ai donc voulu vérifier et la promesse a été tenue. J’ai rarement vu un tel bokeh sur un objectif standard. De plus, l’effet 3D est réellement saisissant ainsi que le bokeh en forme d’arc de cercle (j’aurais préféré dire arc-en-ciel.) Bref, pari tenu. La transition des différents plans de flou est douce et délicate, sans aucun à-coup. Crémeux à souhait ou bokehlicious.

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G
58mm 1.4 G @ f/1.4 – 1/320 – ISO 50

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G

Le rendu des images est très bon, même si légèrement moutonneux à pleine ouverture (f/1.4) lorsque le sujet est clair — vous aurez été prévenus. Les contrastes sont bons et les couleurs fidèles. La qualité est au-rendez-vous, même à f/1.4, le piqué est bon, contrairement à ce que j’ai pu lire par-ci par-là…
Certains exemplaires (les premières séries de 2013) du 58mm nécessitaient un micro ajustement sur l’appareil.

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G
58mm 1.4 G @ f/1.4 – 1/640 – ISO 50

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G

Ce que j’aime

  • Extraordinaire bokeh — LE point fort de cet objectif
  • Ratio taille/poids — le 58mm est compact et bien équilibré sur l’appareil (D750)
  • Qualité d’image et rendu général, même à f/1.4
  • Le renfoncement de la lentille frontale (ce qui la protège naturellement)
  • Sa polyvalence
  • L’effet 3D et l’isolement du sujet à pleine ouverture
  • Qualité de fabrication, malgré le look plastique

Ce que je n’aime pas

  • Son prix exorbitant (1699 €, hors promo) pour un objectif standard
  • Son look “plastique”

Et les autres 50mm ?

Le 50mm 1.8D est un bon objectif d’entrée de gamme, à très bas prix. La qualité d’image est bonne, surtout sur des appareils un peu plus anciens (D3s, D4, D700). Il souffre néanmoins d’un AF un peu poussif.

Le 50mm 1.8G est le plus récent des 50mm chez Nikon est un excellent départ pour apprendre la photo. Petit, léger, peu coûteux, il offre une excellente qualité d’image dès f/1.8. L’AF est performant de presque toutes les situations.

Le 50mm 1.4G est, pour ma part, un ratage. Il souffre de gros défauts : AF moyen, piqué absent à f/1.4, prix trop élevé et défauts optiques assez dérangeants. Je préfère, et de loin, le 50mm 1.8 G.

N’ayant jamais testé le 50mm 1.4D, je ne peux pas juger.

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G

Le mot de la fin

Seul véritable objectif « standard » doté d’une vraie personnalité – de caractère si vous préférez, le Nikkor 58mm 1.4 G est un peu à part sur le marché. Doté d’un bokeh hors du commun, il est pourtant décrié un peu partout. Après seulement quelques jours d’essai, j’avoue ne pas comprendre les discours haineux et ces critiques plutôt injustifiées. Ce 58mm n’est pas parfait, mais la qualité d’image est belle et bien présente, dès la pleine ouverture et ce malgré un léger moutonnement sur les sujets très clairs. Pour le reste, les aberrations chromatiques se font discrètes, l’AF répond présent dans 98 % des cas — même sur des contre-jours ou dans des conditions lumineuses faibles.
Selon moi, le 58mm est un objectif de cœur. Pour les férus de piqué et d’analyses techniques, préférez-lui un 50mm 1.8, nettement moins coûteux, très efficace, mais au rendu très différent.

Où l’acheter

Test objectif Nikkor 58mm 1.4G
58mm 1.4 G @ f/1.4 – 1/400 – ISO 50
Test objectif Nikkor 58mm 1.4G
58mm 1.4 G @ f/1.4 – 1/400 – ISO 50

1 “I hope people will think of this 58mm as a ‘three dimensional hi-fi lens’. I’ll be very happy if people understand this. It allows the point of focus to have as much sharpness as possible while still having a gentle, continuous bokeh.” (source)