Mariage & Fujifilm X-T1
Trouver chaussure à son pied
Il y a un peu plus de quatre mois, j’ai décidé de switcher de Nikon à Fuji.
Depuis ce moment, pour certains, je suis devenu un profond imbécile, un amateur, un fou et/ou un original (les murs ont des oreilles) ; et pour d’autres, je suis devenu un héros. Peu importe, je m’en fous de ce que les gens pensent de moi (vous devriez essayer, on vit mieux). L’important pour moi est d’avoir trouvé chaussure à mon pied. Certains aiment les grosses bottes renforcées, très lourdes et peu élégantes. D’autres aiment les chaussures anglaises faites à la main, en cuir et très coûteuses. Certains ont des besoins en fonction du métier qu’ils exercent. Un ouvrier sur chantier ne va pas porter des tongs. L’important est de trouver l’outil qui vous convient en fonction de vos besoins. Dans mon cas, en tant que photographe, le Fujifilm X-T1 me sied parfaitement et répond à mes besoins, pour le moment.
La photo de mariage et le Fujifilm X-T1
Cela fait maintenant plus de 6 ans que je fais des reportages photo de mariage en tant que professionnel. J’ai réalisé presque 200 reportages seul et/ou à deux avec mon compère Dorian. J’ai utilisé plusieurs types d’appareils photo ; des gros et des moins gros, des chers et des moins chers, des bons et des moins bons. Bien sûr, l’appareil ne fait pas le photographe, mais il est là pour l’aider à faire son boulot correctement. Je vous défie de couvrir un mariage entier avec un smartphone. Vous verrez alors que l’appareil a quand même un peu d’importance.
J’ai attendu d’avoir couvert plusieurs mariages entiers avec les seuls Fuji X-T1 avant de rédiger cet article.
Le confort
Mieux que Nikon sur certains points, moins bien sûr d’autres ; juste différent. La première différence frappante est le poids du sac. La masse emportée a été divisée par trois. C’est un réel soulagement pour les bras et les épaules, surtout en fin de journée. Aucune douleur. Je ne vous apprends rien en vous racontant cela. C’est un simple constat, un fait. D’ailleurs, bon nombre de photographes qui ont sauté le pas vous diront la même chose. Pour bien travailler, il faut un bon outil et surtout se sentir bien. Trouver son confort. Ça semble bête, mais c’est important.
Le mirrorless, c’est pour les amateurs
La question qu’on m’a le plus souvent posée ces derniers temps : n’as-tu pas peur qu’on ne te prenne pas au sérieux ? En clair : n’as-tu pas peur de passer pour un photographe amateur (l’insulte ultime pour un pro) ? Nous avons tous été amateurs un jour. Il faut bien commencer quelque part ; et ça, malheureusement, certains pros l’ont oublié.
Souvent, lors de mariages, même lorsque j’avais le Nikon D4, certains invités avaient d’aussi gros appareils et de beaucoup plus gros objectifs que moi (j’ai pu tester un 500 mm… si si, histoire vraie). Après, une fois encore, je m’en fiche. S’il le faut, j’ai un argument simple et tout prêt en cas d’attaque sur la taille de mon matériel.
Comme je l’ai dit dans un précédent article, l’appareil ne fait pas le photographe ; et la taille de l’appareil encore moins. Regardez ici pour vous en convaincre. Certaines personnes feront des merveilles avec un smartphone et d’autres feront de la m*rde avec un gros reflex à 6000 € accompagné d’un objectif au même prix. Je vous laisse seuls juges.
La discrétion
Autre gros avantage par rapport à un appareil reflex : la discrétion. C’est très simple : les gens ne vous voient pas arriver. Ils ne vous remarquent pas. La taille imposante des reflex et de leurs objectifs vous grille directement. Autant porter une veste jaune fluo, le résultat sera le même. Personnellement, je ne tiens pas à être le centre d’attention, mais à être le plus discret possible et me fondre dans la masse. On obtient de bien meilleures photos sans se faire voir (point de vue perso).
La réactivité
Bien entendu, les reflex pros (Nikon D4, Canon 1Dx, etc.) seront toujours plus performants que les appareils mirrorless en terme de performances pures. Et heureusement ! Leur prix est, en moyenne, 5 fois supérieur. Mais, dans le cadre de la photo de mariage, le FujiFilm X-T1 ne me paraît pas moins bon que le Nikon D4, en terme de réactivité. Honnêtement, je n’ai pas souvenir d’avoir raté une photo à cause du manque de réactivité de l’appareil ou de l’AF. L’unique responsable dans ce cas-là, c’est moi (la personne qui tient l’appareil).
Bref, le Fujifilm X-T1 est à la hauteur dans les situations de stress, autant que le D4 l’était. Match nul dans ce cas. Comprenons-nous bien, je ne parle pas de faire de la photo de sport, mais de photo de mariage.
L’AF est réactif et très rapide, mais moins bon que celui du D4 en basses lumières.
Qualité d’image et post-production
Depuis que j’utilise le Fujifilm X-T1, mon temps de post-production a été divisé par 2. Le X-T1 a fait évoluer ma façon de travailler, de prendre des photos et de voir les choses. Tourner les molettes sur le haut de l’appareil est devenu un pur plaisir, un plaisir coupable. Certes, cela prend ½ seconde en plus que de tourner la molette d’un reflex, mais on s’en fout. C’est tellement délicieux de revenir aux bases. Mais alors, quel rapport avec mon temps de post-prod divisé par 2 ? Eh bien, j’agis comme un photographe et j’essaie de prendre la meilleure photo possible directement sur le terrain. L’EVF (j’y reviendrai plus bas) est d’une aide précieuse dans ce cas. Mes réglages me semblent plus facilement accessibles et j’ai retrouvé une certaine intuition perdue du temps des reflex. C’est facile de se dire que l’ordinateur rattrapera tout. Je suis en train de perdre cette mauvaise habitude. Je suis photographe et je veux passer du temps derrière mon appareil et non derrière un écran d’ordinateur.
De plus, la qualité des images (Raw ou Jpg) directement sorties du X-T1 est simplement extraordinaire (les avis sont unanimes). Des noirs profonds, des couleurs parfaitement rendues et une balance des blancs très fidèle. Cela aussi permet de réduire drastiquement le temps passé derrière l’ordinateur.
Seul hic constaté : les Raw du X-T1 sont beaucoup plus lents à importer et exporter sur Adobe Lightroom. J’ai fait quelques recherches et ce serait apparemment dû à l’énorme quantité d’informations délivrée par le capteur du X-T1. À creuser.
La prise en main
Finis les crampes de la main en fin de journée dues au poids de l’appareil. C’est un problème que j’avais régulièrement avec le Nikon D4. Gros + lourd = crampe, et ce malgré l’excellente prise en main. Le Fujfilm X-T1 est nettement plus petit et pourtant la prise en main est très bonne. Il ne glisse pas, la petite poignée est confortable et c’est essentiel lorsque l’on passe plus de 12 h avec l’appareil entre les mains.
Le viseur électronique
Une merveille. Purement et simplement. Bien entendu, venant du D4, il m’a fallu un peu de temps pour me faire à ce petit écran, mais aujourd’hui, j’aurais beaucoup de mal à m’en passer. Précis, complet (toutes les informations essentielles y figurent) et rapide. Un plaisir à chaque instant. Gros bonus, il permet de visualiser la photo avant de la prendre. Bref, tout a déjà été dit à son sujet et je ne vais pas m’étendre.
Les objectifs Fujinon
Dernier point et non des moindres, les objectifs Fujinon. Essentiels si pas plus importants que l’appareil. J’utilise 4 objectifs, dont deux, plus que d’autres. Je possède le 14 mm 2.8 (≂ 21 mm), le 23 mm 1.4 (≂ 35 mm), le 35 mm 1.4 (≂ 50 mm) et le 56 mm 1.2 (≂ 85 mm). Pour les mariages, j’utilise principalement le 56 mm 1.2 pour les portraits et le 23 mm 1.4 pour les photos plus générales. Je dirais que 80 % de mes images sont faites avec ces deux objectifs. Sans exception, ils sont tous excellents. Piqué, AF, rendu, bokeh. C’est un pur plaisir.
Le mot de la fin
La décision du switch a été difficile à prendre, mais après 4 mois, je ne regrette pas une seule seconde mon choix. J’obtiens la même qualité d’image qu’avant (si pas meilleure), je gagne du temps devant mon écran, j’évite le surpoids de matériel, je voyage et travaille léger, j’ai des appareils que je trouve sexy (what else?) et surtout, j’ai retrouvé le goût de prendre des photos, le plaisir de travailler simplement.
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